Témoignages

Naissance à la maison

Mon bébé, mon amour, tu as déjà six semaines et aujourd’hui, j’ai envie de te raconter ta naissance.

Je me suis réveillée à 5h30 ce matin là, pendant un rêve dans lequel je disais que je ne voulais plus être toute seule. J’ai senti la poche des eaux se rompre. Je suis allée aux toilettes et j’ai laissé le liquide s’écouler. J’étais tellement heureuse, tu allais arriver ! Je me suis recouchée vers ton papa et j’ai essayé de redormir sans y parvenir, car les premières contractions sont arrivées rapidement.

Une heure plus tard, ton papa s’est tourné vers moi et a ouvert ses beaux yeux en souriant. Je lui ai dit « Tu es prêt ? » et avec un petit sourire complice il m’a dit « Prêt pour quoi ? » et on a rit ensemble, on s’est tendrement enlacé, partageant cette joie de ton arrivée.

Nous sommes descendus prendre le petit déjeuner, ton frère dormait encore. Avant la fin de ma tartine, j’ai dû renoncer à manger. Je me levais tout le temps pour appuyer mes bras sur la table et balancer mon bassin, les contractions se rapprochaient et devenaient régulières. Je suis allée m’installer dans une petite pièce de la maison pendant que ton papa prévenait tes grands-parents qu’il fallait venir chercher ton frère et faisait un feu pour moi. Nous avons appelé notre sage-femme pour qu’elle se prépare gentiment.

Ton frère est venu me dire au revoir, des étoiles dans les yeux. Il m’a demandé si j’avais des contractions super fortes et j’ai dit que oui et que la prochaine fois que nous nous reverrions, tu serais là. Il a eu le plus grand et rayonnant sourire du monde, il était tellement heureux ! Il t’a dit à travers mon ventre que tu allais bientôt arriver dans notre bulle d’amour et il est parti.

Je sentais que mon corps travaillait bien. J’étais dans ma bulle, confiante, sereine et les contractions, très douloureuses dans le bas du dos, m’obligeaient à me mettre à quatre pattes ou dans des positions saugrenues, à me balancer en faisant des sons graves et étranges. Je ressentais une profonde confiance en toi et en moi, en notre travail d’équipe. J’appréciais la présence réconfortante et discrète de ton papa et j’appréciais aussi les moments où il me laissait seule, plongée dans ces vagues, ce rythme intense, ces sensations puissantes.

Nos deux sages-femmes sont arrivées et l’une d’elle a rapidement dû repartir pour un autre accouchement. Nous avons dû réfléchir si nous voulions la remplacer et par qui et cette discussion m’a sortie de ma bulle. Les contractions se sont momentanément arrêtées. Nous avons décidé de ne rester qu’avec une seule sage-femme, c’était parfait !

Quand le silence est revenu, le travail a repris, intense, puissant, explosif, presque violent ! J’avais terriblement mal au bas du dos à chaque contraction. C’est ce qu’on appelle « un accouchement par les reins », la douleur est une névralgie que rien ne soulage. Mes sons, ma respiration profonde, ma relaxation, mes mouvements aidaient beaucoup entre les contractions mais ne calmait pas leur violence. J’ai compris que ça serait comme ça et c’était ok. J’ai accepté. Je sentais que ça avançait bien.

Tout à coup, j’ai eu besoin d’être rassurée. J’ai regardé ton papa pour la première fois dans les yeux et je lui ai dis « Je vais y arriver ! » et j’ai vu son regard admiratif, émerveillé et il m’a répondu « bien sûr que tu vas y arriver ! Tu fais ça tellement bien » et puis je t’ai parlé à toi, je t’ai dit « viens mon bébé, descend, viens ! » J’ai enlevé mes habits et j’ai eu besoin de me cambrer vers l’arrière en prenant appuis sur mes mollets, alors que j’était tout le temps penchée en avant jusque là. C’est là que je t’ai senti gigoter très fort, tout mon ventre s’est balancé rapidement et je t’ai senti descendre dans mon bassin. C’était merveilleux de te sentir progresser, avancer vers la vie. J’ai senti un grand OUI en moi, je disais « Oui ! Viens mon petit bébé ! » et tu es descendu vite ! Est alors arrivée une extraordinaire, longue et puissante poussée. Quelle force, quelle intensité ! J’ai adoré ce moment ! J’étais à genou avec un pied au sol, je t’ai senti apparaître à la sortie. Notre sage-femme, qui était restée au salon jusque-là, à part pour venir écouter ton cœur, est venue nous rejoindre et s’est discrètement assise derrière moi. Elle changeait les alèses qui réceptionnaient ce qui sortait de mon corps et ne disait rien. Je m’accrochais à ton papa, assis devant moi. J’ai poussé encore une fois doucement, sans effort, en expirant, j’ai senti ta tête sortir, se déplier, je t’ai senti vrier et je te voyais arriver, lentement sortir de moi. Je me sentais forte, calme et tellement contente ! Ton petit corps a glissé et je t’ai attrapé, t’es collé contre moi en te regardant dans les yeux. Quelle sensation extraordinaire ! Quelle émotion, quelle ivresse ! Je sentais ta peau douce, chaude, mouillée, je regardais tes grands yeux merveilleux qui me fixaient calmement. J’entendais ton papa pleurer de joie et rire d’émotions. C’était si beau, si bon ! Je disais « mon bébé, mon bébé ! »

Après quelques instants, je t’ai décollé de moi et j’ai vu que tu étais un petit garçon. Mon petit Romain ! « Que je t’aime ! Tu es si beau ! » Je ne pouvais pas te quitter des yeux, arrêter de caresser ta peau douce ! A aucun moment tu n’as pleuré.

Cette rencontre avec toi a été d’une telle beauté et si simple en même temps. Tu es né entre le petit déjeuner et le déjeuner, entouré de ton papa et de ta maman, dans le calme et la chaleur de ta maison. Tout simplement.

J’ai enlevé ton cordon ombilical qui te passait sur les épaules, comme si tu portais un sac à dos et je me suis installée contre les coussins. Couché contre moi, tu as instantanément trouvé le sein et tu t’es mis à téter ! Quelle star ! On était tous très impressionnés ! Ton papa adore raconter à tout le monde que tu avais encore les pieds dedans que tu tétais déjà ! Pendant que tu tétais, le placenta est sorti sans problème, les contractions étaient fortes mais je les supportaient bien tellement je me sentais heureuse, au paradis ! Ton papa a coupé le cordon ombilical car une fois le placenta sorti, il ne t’était plus utile.

Nous sommes restés comme ça environ quatre heures, noyés d’amour, à se découvrir, se regarder, se rencontrer. On était nu toi et moi et grâce au feu du poêle à bois à côté de nous, il faisait bon chaud. Avant de partir, la sage-femme a amené une petite balance à côté de moi et je t’y ai déposé pour qu’elle te pèse, puis te mesure. Tu n’as pas du tout aimé ça ! Tu as pleuré et je t’ai vite repris dans mes bras. Tu t’es endormi et ton papa t’a pris contre lui pour que je puisse manger un bon repas revigorant. Il était aux anges, si ému, attendri, fier ! Ton frère est arrivé un peu plus tard et t’a rencontré dans notre lit, il s’est couché avec nous et t’as fait une petite caresse, un petit bisou très doux et t’as dit « je suis ton grand frère, je t’aime ! » et m’a dit combien il te trouvait chou ! J’étais très émue de vous voir vous rencontrer ! Quel bonheur !

Voilà six semaines que nous baignons dans cet amour et cette tendresse. Tu dors contre moi la nuit et tu vis dans l’écharpe de portage la journée. Tu n’aimes pas du tout être déposé quelque part et tu sais très bien le manifester ! Tu tètes énormément ! Tu es un bébé extraordinaire, si éveillé, curieux !

Je ressens tant de gratitude ! Je me sens tellement reconnaissante d’avoir trouvé sur mon chemin les informations qui m’ont permises de mettre en place ces bonnes conditions, d’avoir appris ces deux choses essentielles : que je suis capable de mettre mon enfant au monde par moi-même, parce que je suis une femme et que pour ça j’ai besoin d’intimité, de me sentir en sécurité, de silence, de pénombre, de chaleur, de liberté de mouvement et de sérénité autour de moi. Je suis reconnaissante envers ton papa d’avoir compris tout ça et de m’avoir offert sa présence discrète et sereine, envers nos sages-femmes qui nous ont inspirés confiance, nous ont accompagnés et ont assuré le « au cas où », aux équipes médicales qui nous auraient reçus si nous avions eu besoin d’elles, au pays dans lequel je vis qui rend tout cela possible, à mon corps, à toi, à la vie. Merci, merci, merci !

 

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